Points de repères:
Coup de coeur
Hors des sentiers connus
KM 0
Jour 0
C’est ici et maintenant que je marche la nouvelle route que j’ai choisie, celle de la liberté d’être soi sur le parcours du circuit de l'Abbaye.
À l’automne 2021, des évènements de vie sont venus me pousser sauvagement hors de la cage dorée, confortable quoiqu’étroite, que j’avais mis tant d’années et d’ardeur à construire pour me protéger… Me protéger de ma réalité et du devoir d’assumer l’entière responsabilité de ma vie.
Le choc a été brutal. Il a toutefois été pour moi l’opportunité de visiter les endroits les plus sombres de mon âme, ces lieux d’où émanent de la fumée parce que tout s’est écroulé. Mes fondations avaient été détruites, tout avait été brûlé.
Seule sur cette terre aride, je regardais partout autour. Devant, je n’y voyais rien et derrière, ma prison dorée, faite de verre avec sa porte entrouverte. Désorientée, j’ai décidé d’avancer droit devant, vers l’inconnu, vers une nouvelle façon de vivre. Il m’était impossible de retourner à ce style de vie, comme il est impossible pour un serpent de tenter de se refaufiler dans son ancienne peau morte.
J’ai laissé derrière moi ce monde de survie, non pas sans m’être plongée au cœur de cette souffrance pour d’abord en ressentir pleinement la douleur et ensuite, extraire les perles qui s’y cachaient. J’ai commencé à me reconstruire. Depuis, je suis la créatrice de ma 2e vie, une vie authentique où j’ai cessé de me mentir à moi-même, une vie qui donne un sens à mon existence.
J’ai 44 ans et que le destin que j’aurai alors créé[1] vienne me secouer encore plus fort si je m’enlise à nouveau aveuglément dans les sables mouvants d’un confort fataliste, du mode inconscient automatique et de la résignation. Je choisi de vivre ma vie en ne m’abandonnant plus jamais. J’oserai atteindre les rêves qui m’habitent depuis longtemps. Je mourrai en étant engagée vers ma mission plutôt que de nager dans l’amertume.
Été 2023, guidée par mon instinct qui, j’en suis convaincue aujourd’hui ne me ment jamais, je poursuis ce voyage de la connaissance de soi, des autres et du monde. Un pas à la fois, c’est en parcourant le circuit de l’Abbaye, situé dans les Cantons-de-L’Est dans la région du lac Memphrémagog au Québec, que la petite poussière d’étoile que je suis débute la réalisation de sa mission.
J’incarnerai ce à quoi j’aspire et tout comme la légende du colibri qui tente d’éteindre un immense feu de forêt avec seulement un petit sceau d’eau, je ferai ma part. Et si je deviens source d’inspiration pour d’autres femmes et qu’elles décident d’emprunter elles aussi le chemin le moins fréquenté, soit celui de l’amour de soi, la libération de leurs blessures et de leur servitude acquise pour enfin qu’elle devienne elle-même, je pourrai dire : « Mission accomplie ! »
« Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » Gandhi
[1] I « Tant que vous n’aurez pas rendu conscient l’inconscient, il dirigera votre vie et vous appellerai cela le destin. » - Carl Jung
KM 23
Jour 1
Départ : Gite l’Oréade
Arrivée: La bouffée d’air
Sous un ciel teinté gris foncé, j’accélère le pas sur le chemin Peabody. Le tonnerre se fait entendre au loin. Il me reste environ 2 km à marcher avant de pouvoir me mettre à l’abri.
Arrivée à destination, je profite de cette halte à la bouffée d’air , smoothie à la main, pour constater sur la carte tout le chemin parcouru, avec fierté, non sans avoir les muscles des jambes et les pieds endoloris. Mes pensées profitent de ce moment pour traverser le temps…
Tout ce que j’avais toujours voulu, je l’avais eu. En fait, je devrais plutôt écrire tout ce que mon « moi adapté » avait désiré, il l’avait atteint.
Alors pourquoi ce sentiment de ne pas être vraiment heureuse ? Bercée par cette routine, elle me rongeait pourtant de l’intérieur. Ma réalité consistait à me lever le matin, interagir avec un ordinateur, avoir hâte au week-end, redouter les lundis et rêver des vacances, si ce n’était pas de rêver de ma future retraite. J’étais blasée. Le côté machinal et répétitif de mon existence était en train de me tuer à petits feux.
Et puis, il y avait ma réalité, celle qui était enrobée de mon déni et qui contribuait à ce que je me fige dans cet univers censé me protéger des aléas de la vie.
Le 5 juillet 2021, j’écrivais ce petit mot. Je l’avais déposé sur ma table de nuit :
« Si je veux changer ma routine, je dois poser des actions différentes, chaque jour,
un jour à la fois, et ce, dès aujourd’hui ! »
L’alliance venait d’être scellée avec mon inconscient. J’ignorais alors la puissance d’une ferme intention lorsque formulée avec la motivation intrinsèque d’un réel changement, suivie d’actions concrètes. Le début de la fin de ce train-train quotidien venait d’être enclenché.
J’ignorais toutefois que ce désir allait mettre au grand jour la dynamique relationnelle malsaine dans laquelle je m’étais enfoncée au fil des années, et ce, bien à mon insu. Me réapproprier mon pouvoir de choisir et de tracer des limites claires allaient déclencher des réactions des plus inattendues…
Le 9 octobre 2021, je quittais mon domicile de façon précipitée pour ne plus jamais y revenir.
À l’hiver 2021-2022, j’absorbais le choc et j’étais en deuil. Je faisais face à ma réalité. J’évacuais la toxicité qui s’était accumulée en moi. Je coupais tous les liens dits traumatiques qui faisaient partie de mon entourage. D'ailleurs, lorsqu'un réel changement de soi est en cours, cette épuration de son environnement se produit comme par magie, un peu comme l'effet d'une goutte de savon à vaisselle qui tombe dans une eau graisseuse.
Au printemps 2022, toujours en deuil. En deuil de cette relation où l’un s’accrochait à l’autre pour survivre, nos blessures émotionnelles respectives bien enchevêtrées les unes dans les autres.
En deuil de cette réalité passée, de ce temps qui ne reviendra jamais, de cette enfance enveloppée d’amour conditionnel, d’invalidation psychologique et émotionnelle.
En deuil du fait que la recherche effrénée du plaisir, celui qui est censé remplir mais qui abîme plus qu’il ne comble lorsqu’il est poursuivi à des fins de consolation, ne viendrait jamais réparer les failles créées par mes origines.
J’étais en deuil de ce moi, ce moi en quête de perfection, ce moi qui avait tant travaillé pour arriver à cet « échec », expérience inévitable qui devait avoir lieu pour qu’un saut quantique se produise dans mon existence.
Dans un état profond où les possibles n’existaient plus, compartimentée en mille morceaux, j’étais complètement brisée, déphasée d’avec l’instant présent. Ma souffrance me tirait vers le fond et je luttais pour garder la tête hors de l’eau.
Accrochée à ma douleur, j’avais 2 choix :
1. Me résigner au fatalisme et continuer à me sentir impuissante en demeurant victime tout en menant une existence qui à mes yeux était insensée ;
2. Avoir l’audace de me dépasser en trouvant quelle était ma mission.
J’ai choisi la 2e option. J’ai choisi de me reconstruire et d’emprunter le chemin de la libération de toutes ces parcelles de mon être, ce « vrai moi », qui s’étaient perdues dans les couloirs du temps pour me créer une 2e vie.
À l’été 2022, je partais en escapade pour enfin boucler cette boucle, écrire non pas la fin d’un chapitre mais la fin du livre de l’histoire de cet autre qui était moi. J’étais seule avec ce vide immense qui m’aspirait vers une fin mais que j’avais maintenant choisi de voir comme étant plutôt rempli d’infinis possibilités. C’est en Gaspésie, dans le parc national Forillon, au bout du sentier Les Graves, que j’ai laissé tous les fantômes de mon passé. C’est au bout du monde que j’y ai laissé mon ancien monde.
« Nous passons la moitié de notre vie à escalader une échelle et l’autre, à réaliser que nous l’avions adossée au mauvais mur. » Carl Jung
Je ne compte plus les livres que j’ai pu lire pour comprendre ce qui s’était passé et sur la façon de se reconstruire. Constellation familiale, ennéagramme et cérémonie de temazcal ont également fait partie du planning des vacances estivales, sans compter la poursuite de ma psychothérapie.
La petite fille en mode survie faisait place à la femme qui voulait aimer la vie [1]. Réfugiée au grenier de mes pensées depuis trop longtemps, je m’efforcerai d’y redescendre pour savourer l’instant présent, non pas seule, mais enfin libre. Libre de tout recommencer.
La pluie qui heurte la chaussée et ruisselle à sa surface tellement l’orage est intense me ramène à l'instant présent, le seul qui existe vraiment avec le sentiment d'être remplie d'encore plus de fierté de cet autre chemin jusqu'ici parcouru.
[1] Inspiré du livre « L’homme qui se mit à aimer la vie : 3 mois pour se prendre en main » - Clay Newman.
KM 38
Jour 2
Départ : Club de Golf Owl’s Head
Arrivée: Intersection chemin Mountain et chemin Cooledge
Aujourd’hui, mon trajet se déroule sous la bruine intermittente parsemée d’averses. Vêtue de mon imperméable couleur rose orange, je recouvre mon sac à dos de sa toile couleur vert lime éclatante. L’impression d’être seule au monde au milieu de nulle part… J'adore ces températures où on dirait que le temps est suspendu.
Arrivée près de l’étang, j’eus l’envie de grimper un rocher en bordure de route pour m’asseoir et grignoter un peu tout en profitant du paysage. Mon pied glissa. Je me retrouvai, plus vite que je n’aurais pu l’imaginer, sur le dos, dans un trou d’eau au beau milieu de la route… comme une vraie tortue !
En toute banalité, c’est aussi ça, la vie.
KM 54
Jour 3
Départ : Gîte Moka et Chocolat / Club de Golf Owl’s Head
Arrivée: Camping Nature Plein air
Le soleil est radieux sous un ciel bleu. Je décide d’être un peu rebelle et faire cette partie du parcours dans le sens contraire de celui préconisé par les organisateurs du circuit. Entourée de montagnes vertes, le mont Owl’s Head s’éloigne derrière moi et en face, Jay Peek. La vue est magnifique. Coup de cœur assuré ! Et en bonne compagnie…
Si comme moi, vous avez l’âme exploratrice et que s’aventurer au-delà des sentiers battus vous intéresse, un court détour sur le chemin du Monastère vous réservera un petit plaisir pour les yeux, soit une construction architecturale russe. De là, il faudra faire demi-tour et revenir sur vos pas. Compter 4 km total (aller-retour) à ajouter à cette journée de 15 km.
KM 70
Jour 4
Départ : Camping Nature Plein air
Arrivée: Village de Mansonville, Canton de Potton
Si l’année dernière je rompais avec le passé, cette année, c’est avec moi-même que je romps[1].
Changer de paradigme implique que le cerveau emprunte de nouveaux chemins, de nouveaux circuits neurologiques. Se libérer de croyances limitantes pour en adopter de nouvelles demande un effort considérable. Il est beaucoup plus facile de fonctionner sur le mode automatique que de déployer l’énergie nécessaire à penser et à faire autrement. Une fois le déclic fait, cela devient un choix, un engagement à chaque jour !
C’est ici que prend fin ce circuit. Cette fin fait place à un nouveau commencement. Qui sait où cela me mènera... Avant, j'accordais beaucoup d'importance à la destination, maintenant, je sais que c'est la route qui compte.
Assise sur un des bancs du parc central de ce charmant village dans lequel je me trouve, je me repose. Je profite des rayons du soleil sur ma peau, de cette légère brise qui se fraie un chemin dans mes cheveux et tranquillement, je regarde les gens vivre leur vie.
Au plaisir de se revoir bientôt pour l’exploration de nouveaux territoires du monde… ou de la psyché humaine.
[1] Inspiré du livre "Rompre avec soi-même, pour se créer à nouveau" – Joe Dispenza
Bravo Caro ! Très fière de voir la conviction et l'humilité qui ressortent de tes mots... (Pénélope)
Bravo Caroline ! Je suis tellement fière de toi. Continues d’avancer un pas à la fois.
MJL 😉